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Je suis un arbre.

Je suis là, cellules mortes entourées de cellules vivantes, grimpant autour de cet édifice à qui mieux mieux jusqu'au ciel, que je touche de mes innombrables organes photosynthétiques : les feuilles.
Grâce à mes nombreux fac-similés de toute la Lignée Verte, nous permettons la vie sur Terre et participons comme tout le monde à faire tourner cette grande mécanique.

Je suis un arbre. Vous avez compris très tôt que vous me deviez la vie, sans savoir exactement pourquoi. N'en déplaise à certains, j'ai été et serai l'objet de nombreux cultes. Je suis vénéré comme allégorie de la vie, ode à la croissance, parallèle de l'érection masculine. Je suis debout depuis la nuit des temps par des procédés très simples : vous m'avez habité, puis envié pour cela, et donc imité.

Je suis un arbre. Tant de fois vous m'avez personnifié, tant je vous donne l'impression d'être votre alter-ego végétal. J'étais pour vous une dryade, une femme figée, un ent, un homme barbu de feuillages. Je suis des mains griffues, des damnés se tordant de désespoir sur le chemin de Dante.

Je suis un arbre. Avec mes semblables, nous sommes une forêt, déjà un monde à part sujet à vos fantasmes depuis la nuit des temps, et en faisant les frais, en bien comme en mal.

Je suis un arbre.