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Décroissance. Peut-être avez-vous déjà entendu parler de ce mouvement. En tout cas moi oui, puisque je lis le journal qui porte le même nom quand il me tombe sous la main, d’abord chez mes parents puisqu’on l’avait de temps en temps et maintenant au CDI quand j’ai le temps.
Le journal en soi a quelques défauts : pavés de texte difficilement digérables, redondance des propos (c’est bon on a compris votre haine de Nicolas Hulot, c’est peut-être pas la peine de s’accrocher à sa dernière connerie comme un magasine people guette les moindres gestes des célébrités) sont entre autres ses points noirs qui font que je ne lis pas tous les articles.
En revanche, j’aime beaucoup les interviews de décroissants, ça fait « rencontrer » des idées intéressantes de gens qui ne sont pas nés de la dernière pluie. Donner des astuces de mode de vie pas con, prouver que ce n’est pas un combat de tous les jours mais une habitude à prendre. Je les comprends.
La décroissance, dès que je l’ai connue, m’a dès lors paru comme une très bonne solution au cassage de gueule économique dans un grand fracas d’âmes en peine dans une existence liée étroitement à la consommation absurde et au tabassage médiatique.
Biodiversity VS 4x4 honda, Montmorot
Je n’ose juste pas leur écrire.
Et ne me considère pas comme décroissante. Pour moi le simple fait d’avoir eu besoin de changer d’ordinateur parce que l’autre va comme un escargot sur une autoroute et ne me permet pas de faire mon travail m’enlève de la catégorie des gens qui font tout pour lutter contre ce besoin impératif d’ordi. Idem pour le téléphone portable, qui me sert certes plus souvent à regarder l’heure et pour communiquer avec mon copain, mais rien d’autre.
Qui plus est je vais passer le permis et avoir une voiture… bien que je n’aie pas du tout envie de me retrouver face aux ennuis de place, de trafic, de pot d’échappement, de réparations, rien n’est fait pour mettre en place des transports en commun incitant à laisser tomber la bagnole. Alors pour partir randonner un pauvre week end, comment faut-il faire ? Avoir une tuture.
Mais comme on peut le voir, j’ai malgré tout un œil très critique sur mon mode de vie et ne considère les besoins de ce genre comme exaspérants et n’ayant pas lieu d’être. Je sais très bien que l’utilisation répétée d’un ordi me flingue et les yeux et le cerveau. La publicité, les réclames, tout ça me gonfle. Je ne fais mes courses que le moins possible en grande surface, j’achète mes produits alimentaires dans une épicerie digne de ce nom (et non, ça ne me revient pas cher, je consomme des légumes de saison et non importés du bout du monde, ça compte beaucoup !). Je ne mets pas le chauffage parce que je n’en ai pas besoin, n’étant pas frileuse. Je participe à un lombricompost. Et tout l’toutim.
Alors que faut-il pour se clamer « décroissant » ? Avoir eu vraiment les moyens de prendre ce premier essor pour décrocher de tout ?
Est-ce que c’est possible quand on est étudiant, avec tout le tatamerdier que ça implique ? Le stage en Russie, avec son voyage en avion, les impressions de documents à tire-larigot qui feraient pleurer la forêt amazonienne, l’utilisation de produits chelous en laboratoire et que ne sais-je encore… ?
PS : mes gestes quotidiens n’ont pas vocation à sauver la planète ou me donner bonne conscience d’agir en ces desseins, c’est un tel merdier que c’est impossible. Ils relèvent d’un esprit de contradiction avec les dictats actuels concernant le mode de vie. Ils sont des actes contre des paroles. Ils sont là pour générer mon mode de vie, que je veux sain et non pas dépourvu de sens.
Musique : The blood of Cuchulainn
Lecture : Le Kalevala, Elias Lönnrot