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En vert et contre tous.
21 octobre 2010

62.

The happiest man is he who learns from nature the lesson of worship.

R.W Emerson

Une citation qui figure sur un disque d'Agalloch.
C'est ce qui me vient à l'esprit, lequel est encore embrumé de soleil de fin d'après midi. Si les mots viennent facilement quand le moral est au plus bas, à l'inverse, il est difficile de décrire les instants de félicité... parfaite. Oui, sans exception, parfaite. Bien sûr cela ne dure qu'un moment.
Ces choses qui font le bonheur sont très simples. Après un café, je suis juste sortie, un livre de contes de fées dans la besace, dans l'intention de me poser bouquiner, à un endroit de la campagne proche que j'aime particulièrement. En passant près du parc où sont les daims, je remarque qu'ils sont là (c'est leur heure. Je suis déjà venue les observer.) alors je passe sous la clôture, ni une ni deux, me fais petite comme une souris et cavale à croupetons dans le champ pour me rapprocher et les reluquer à loisir...
Trois femelles... Aucune réaction... Je me rapproche encore et encore... Toujours rien, pas à pas, à présent debout, je les regarde brouter, qu'elles sont belles dans la lumière d'automne ! Le temps passe. Je suis figé, à moins de trente mètres, enfin elles m'ont vue. Une vraie statue, immobile. Face à face, mon coeur se liquéfie, ma respiration fige les secondes...
Bvvvv. Bvvvv. Téléphone. Ah merde oui... Taga devait m'appeler. "Allô le Nain... alors attends je t'explique la situation, là..."
Peine perdue pour les daims qui s'en vont paisiblement ! Mais au moins je sais que les vacances débuteront par des retrouvailles avec Le Nain pour fêter dignement son anniversaire, à un concert d'Ultra Vomit, il a les places, ha ha victoire...!
La brève conversation terminée, je file me caler sous un des robiniers si confortables du champ pour y lire à mon aise le conte de la princesse Félicité, comme par hasard tiens. Je pense à Frodon : car en ce moment même, je vis un moment féerique, assis dos à un arbre, surplombant et contemplant la belle Comté... heureuse, si heureuse et à l'aise...
Et puis je revois du côté des daims du mouvement... relevant les yeux du bouquin, je Le vois. Le grand mâle. La première fois, j'en étais tombée amoureuse. Il passe tranquillement, sa ramure assez impressionnante le couronnant, ses grands yeux noirs...! Je fonds, ne fais qu'un avec l'arbre, il tourne vaguement la tête mais ne s'attarde pas, son passage est un pur moment suspendu dans le temps, irréel...
C'est encore figée dans cette position, bécasse, ahurie, qu'un grimpereau vient se coller sur le tronc, juste au-dessus de ma tête ! J'ai tout le loisir de le voir, l'impertinent, l'acrobate, il virevolte sur et sous les branches, ma tête est à l'envers, je vois le monde à l'envers et l'oiseau à l'endroit, c'est juste lui qui marche à l'envers sur les branches...
C'est ensuite un pic épeiche qui vient brailler, j'aperçois ses éclairs rouges dans les branches, puis un rouge-queue... Alors qu'en ville, les cheveux verts sont plus une différenciation maléfique, ici, c'est une bénédiction qui rime avec camouflage... Le don de faire tapisserie, immobile comme un rocher - cette caractéristique trolle - est alors un bien précieux...

Trollement heureuse =)

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Commentaires
E
Les séquences que tu décris sont superbes!<br /> J'ai aussi aimé le récit de tes moments de jeux avec le poulain!
F
comme j'apprécie également ces petits moments :)
En vert et contre tous.
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